Voici un premier compte-rendu de l'inventaire réalisé lors de la sortie organisée par l'Association le 21 juin 2015 - "Découverte de la Flore du PUY de LAVELLE" (comestible, toxique, médicinale) - guidée et commentée par Eric Vallé, Conservateur de la vallée de Chaudefour, expert en botanique.
Rappel :
Le Puy de LAVELLE est une zone classée Z.N.I.E.F.F ( Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique Floristique et Faunistique) au niveau européen. C'est à dire qu'elle a été classée comme recélant une flore et une faune à protéger.
Les GEOTRAVERSES avec le géologue-volcanologue Pierre Lavina, nous ont permis d'année en année (5 années de suite) de prendre connaissance du terrain et des paysages "dans et sur" lesquels nous marchons.
Il nous a donc paru naturel de faire aussi l'inventaire de la FLORE " sur quoi, il ne faut pas marcher" pour préserver et mettre en valeur ce patrimoine qui peut rapidement être dégradé et disparaître par la fréquentation de visiteurs non informés.
Ultérieurement, nous ferons aussi l'inventaire de la FAUNE avec des spécialistes.
Ce compte-rendu a été réalisé par :
Madame GAULMIN, agrégée
des Sciences de la Terre, professeur de SVT (Sciences et Vie de la Terre), retraitée et
habitante de Lavelle.
Nous la remercions pour sa très précieuse contribution "professionnelle" .
En cliquant sur la photo ci-dessous, vous aurez accès au diaporama qui résume cet inventaire
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Achillée millefeuille |
Dans une prochaine mise à jour, nous associerons les photos et les commentaires et plus tard nous prévoyons d'éditer un livret Flore / Faune / Géologie-volcanologie du Puy de LAVELLE.
Cet inventaire se compose de deux parties
- aperçu rapide en forme de synthèse
- compte-rendu détaillé plus scientifique
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Aperçu de la Flore du Puy de
Lavelle
Le Puy de Lavelle
est classé en zone dite ZNIEFF (Zone d’Intérêt Ecologique Floristique et
Faunistique).
Sa Flore est, en effet, d’une richesse exceptionnelle.
La randonnée botanique du 21 juin 2015, sous la direction de Monsieur
Eric VALLE, Conservateur de la Réserve de Chaudefour, nous a permis
d’en découvrir un aperçu, avec pas moins de 80 plantes, observées en
l’espace de quelques heures, sur le parcours qui nous a mené tout autour
et jusqu’au sommet du Puy.
Certaines plantes, situées à proximité des
maisons du village, ont un intérêt culinaire certain :
- le Thym serpolet, plante aromatique.
- le Sureau noir pour ses baies noires en confiture
et ses fleurs fraîches qui peuvent aromatiser crèmes et beignets ou
permettent, une fois séchées, de conserver les pommes en hiver.
- l’Eglantier dont les fruits appelés cynorrhodons,
une fois les poils internes enlevés, donnent une confiture exquise d’une
richesse extrême en vitamine C ( 3 grammes de pulpe
correspondent à 1kg de citron pour la quantité de vitamine C contenue).
- la Ronce commune livrant ses mûres en
automne.
- l’Ortie dioïque, plante mal aimée, mais avec
les jeunes feuilles de laquelle on peut, par exemple, réaliser une soupe
onctueuse.
- le Robinier faux-acacia, arbre courant, dont
les fleurs blanches et odorantes permettent de faire de délicieux beignets.
- l’Achillée millefeuille dont les graines
peuvent parfumer le vin.
- le Caille-lait (ou Gaillet) jaune
permettant de faire cailler le lait en donnant sa couleur au Saint-Nectaire.
Ou bien encore, elles étaient employées à des fins médicinales :
- la Chélidoine, encore appelée Herbe aux
verrues, pour faire tomber ces dernières en quelques jours, par
l’application répétée du latex orangé qui s’écoule des tiges cassées.
- l’Ortie dioïque, encore elle, mêlée à la Consoude,
pour aider à la consolidation des fractures, en l’utilisant en tisane.
- les Plantains majeur & lancéolé
contre les piqûres d’insectes ou d’orties…
- l’Armoise commune employée pour les règles
douloureuses,
- le Millepertuis perforé donnant une huile
apaisante contre les coups de soleil,
- le Lotier corniculé pour ses propriétés calmantes,
- le Thym serpolet pour débarrasser le corps
des toxines de l’hiver et contre les éruptions cutanées.
- l’Alisier blanc comme dépuratif du foie.
Certaines se sont avérées utiles pour la culture ou
l’élevage :
w le Robinier faux-acacia, plante importée sur
notre territoire, fut utilisée pour fabriquer des piquets pour les vignes.
- l’Ortie dioïque, de nouveau, utilisée en purin
pour soigner les plantes du potager,
- l’Euphorbe épurge pour chasser les taupes,
- le Noyer royal pour tuer les fourmis,
- l’Eglantier utilisé comme vermifuge
pour le bétail ou même pour les enfants car beaucoup moins toxique que
les produits actuels, en particulier pour les abeilles.
- l’Hellébore fétide pour éloigner la brucellose
des bergeries.
sans compter la Luzerne cultivée, le Sainfoin
ou le Polygale à feuilles de serpolet particulièrement appréciés du bétail
et permettant, pour le dernier, d’augmenter la production de lait.
Outre ces plantes assez courantes, d’autres montrent toute
la diversité du patrimoine floristique du site.
Certaines, surtout situées sur le versant sud bien
exposé à la chaleur des étés auvergnats, sont même des plantes de type
méditerranéen, comme :
- le Chèvrefeuille d’Etrurie (ou de Toscane)
visible dans les haies,
- l’Orchys pyramidal à inflorescences coniques
roses,
- l’Hélianthème des Apennins, aux délicates
fleurs blanches à cœur jaune,
- l’Anthyllide vulnéraire, aux inflorescences
jaunes cotonneuses,
- le Trèfle étoilé par ses calices piquants,
persistant après floraison,
- le Genêt sagitté aux tiges courtes
munies de 3 ailes,
- l’Ail à tête ronde,
- la Vesce esparcette aux belles et grandes fleurs
d’un bleu profond,
- ou bien encore la Sauge des prés teintant les
prairies de ses fleurs bleues.
Certaines sont même franchement de type montagnard,
rappelant les hivers rudes à cette altitude (le sommet étant à plus de 700 m), telles :
- le Trèfle des montagnes, poilu, à ne pas
confondre avec le Trèfle rampant, situé plus bas,
- la Carline commune, piquante, persistant bien
longtemps, à l’état sec, après la floraison,
- le Laser de France, Apiacée (= Ombellifère) à
feuilles épaisses très divisées en lobes,
- la Centaurée tachée, multiflore, à feuilles
très fines gris-verdâtre,
Enfin, certaines plantes rares et totalement
protégées comme les Orchidées dont :
- l’Orchys pyramidal, déjà cité,
- l’Orchys à odeur de bouc, dressant ses épis
de fleurs verdâtres aux longs prolongements torsadés du labelle,
- ou la discrète Ophrys abeille dont les fleurs
miment le corps d’un hyménoptère,
rappellent
que ce patrimoine est fragile et doit être entretenu et protégé.
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Compte-rendu de l’Excursion
BOTANIQUE au Puy de LAVELLE,
le 21 juin 2015
dirigée par Eric Vallé
Conservateur de la Réserve de Chaudefour
Le Puy de Lavelle renferme, dans son sous-sol, des terrains
basiques, propices au développement des Orchidées. L’altitude (600 à
plus de 700 m)
est celle de l’étage collinéen permettant la croissance du Chêne.
A l’intérieur du village
1) Sur les pierres des vieux murs, on peut trouver
les plantes suivantes :
- Linaire cymbalaire (Cymbalaria muralis) très
jolie Plantaginacée à fleurs mauves, dont le mode de reproduction très
spécifique permet la colonisation des murs en pierres grâce au pédoncule
de la fleur qui s’allonge pour déposer la graine dans une anfractuosité.
Ainsi, d’année en année, la plante étend son aire de répartition sur le mur.
- Cétérach officinal (Ceterach officinarum)
petite Fougère indiquant un milieu chaud et sec (plante xérothermophile)
que l’on peut trouver jusqu’à 800
m d’altitude.
- Orpin blanc (Sedum album) petite plante
grasse (famille des Crassulaceae), à feuilles crassulescentes
(= charnues, contenant une réserve d’eau) et à fleurs
blanches.
- Orpin brûlant (Sedum acris) de la même
famille mais à fleurs jaunes.
- Lichen (non déterminé) jaune-orangé lié à la
présence de fientes d’oiseaux sur les murs.
2) Au pied des maisons ou dans les jardins, se
trouvent également :
- Epilobe des coteaux (Epilobium collinum) de
la famille des Onagraceae, dont les fleurs roses attirent les abeilles
par leur nectar.
Cette attraction est encore plus importante pour le Laurier
de Saint-Antoine ou Epilobe en épi (Epilobium angustifolium),
la plus grande des Epilobes (visible dans le parc des ânes).
Une autre Epilobe, l’Epilobe à petites fleurs (Epilobium
parviflorum) a des propriétés anticancéreuses utilisées pour le traitement
du cancer de la prostate.
- Chélidoine (Chelidonium majus) de la famille
du coquelicot (Papaveraceae) mais à fleurs jaunes, est appelée aussi « Herbe
aux verrues » car l’application du latex jaune-orangé qui s’écoule de
la tige cassée, 3 fois par jour durant 4 à 5 jours, permet de faire tomber les
verrues.
- Centranthe rouge (Centranthus ruber) jolie
Caprifoliacée à fleurs roses, rouges ou blanches, cultivée dans les jardins et
qui s’est largement répandue.
- Euphorbe épurge (Euphorbia lathyris) ,
Euphorbiacée très commune dans les jardins, dont le latex peut brûler la cornée
(mettre des gants pour la manipuler). Elle est utilisée pour chasser les
taupes à l’aide d’une préparation : mettre à macérer feuilles et tiges
coupées dans l’eau tiède, puis verser cette préparation dans les trous des
monticules des taupes.
-Noyer royal (Juglans regia) présent
dans les jardins est efficace pour chasser les fourmis. Mettre les
feuilles à macérer dans l’eau tiède durant 3 semaines puis pulvériser cette préparation
sur les cheminements des fourmis.
Les fourmis sont, cependant, des auxiliaires précieux pour
la dispersion des spores des Morilles qu’elles collectent pour les substances
sucrées contenues, ainsi que pour celle des graines de Violette (Viola)
contenant, quant à elles, des réserves lipidiques.
- Sureau noir (Sambucus nigra), Adoxacée dont
on peut largement utiliser fleurs et fruits :
-
les baies noires, que l’on peut mélanger à des pommes, sont
cuites pour faire de la confiture,
- les fleurs fraîches permettent de fabriquer des beignets, des crèmes
aromatisées en laissant macérer les fleurs dans du yaourt toute une nuit et
encore une tisane sudoripare.
On peut également les utiliser pour fabriquer du vin
de sureau : mettre 4 corymbes fleuries, récoltées par temps sec, en
enlevant les pédoncules floraux, à macérer toute une nuit dans 1 litre de vin blanc sec,
puis filtrer, rajouter 1 cuillère de miel toutes fleurs et laisser macérer de
nouveau toute une journée. L’apéritif obtenu est très sucré.
-
les fleurs séchées placées entre les couches de pommes, à
conserver pendant l’hiver, empêcheront leur pourrissement par les moisissures, grâce à la sambuccine
contenue .
On reconnaît le Sureau noir, en particulier, à la moelle
blanche à odeur nauséabonde au creux des rameaux, à ses fleurs blanches
et, bien sûr, ses baies noires. Cet arbuste peut atteindre 7 m de haut. Il ne doit
pas être confondu avec les 2 autres espèces du genre :
- Sureau yèble (Sambucus ebulus) présent à la même altitude et poussant
abondamment tout autour du village. Les corymbes sont blanc-rosé et les
folioles (=divisions des feuilles) nettement plus allongées. Les baies sont
également noires. Il reste de petite taille : maximum 2 m de haut. Toute la plante
est toxique.
-
Sureau à grappes ou rouge (Sambucus racemosa) Cet arbuste
(4 m)
pousse au dessus de 700 m.
La moelle est couleur cannelle. Les fleurs sont jaune-verdâtre et apparaissent
en même temps que les feuilles, contrairement au Sureau noir et les baies sont
rouges. Il est inutilisable en cuisine et pharmacopée.
Tous les Sureaux affectionnent les zones humides.
Montée vers le Puy de Lavelle (côté Sud)
Au début, un sous-bois nous entoure, rapidement remplacé par
une végétation plus basse.
On a pu y découvrir :
- Robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia)
Fabacée, importée d’Amérique pour en faire des piquets pour les vignes donc
largement présent à Lavelle, pays de vignerons.
C’est une plante phytotoxique : rien ne pousse
en dessous car elle élimine, par les substances produites, toutes les plantes
qui pourraient lui faire concurrence.
Ses fleurs peuvent être utilisées pour faire des beignets
(de même avec les fleurs de « Coucou » qui a, également, des vertus
pour faciliter le sommeil).
- Eglantier ou Rosier des chiens (Rosa
canina) Rosacée qui doit son nom à l’observation ancestrale des chiens
absorbant ses fruits pour se purger. Ce qui a conduit nos aînés à utiliser les cynorrhodons
(nom donné à ses fruits rouges contenant pulpe sucrée et poils à gratter) pour
éliminer les vers intestinaux des enfants ou des animaux. Cette utilisation
comme vermifuge est sans danger, contrairement aux produits chimiques
actuels, originaires d’Espagne, donnés aux vaches qui sont très toxiques et
dont les résidus dans les bouses, absorbés par les plantes à fleurs, ont causé
une forte mortalité dans les populations d’abeilles des Pyrénées orientales.
On peut aussi en faire une confiture exquise car les
cynorrhodons (à récolter après les premières gelées et en enlevant les poils au
centre) sont très riches en vitamine C (3 grammes de pulpe sont
aussi riches en vitamine C qu’1 kg de citron). La plante est issue de
Catalogne.
- Bryone dioïque (Bryonia dioica) de la
famille de la courge (Cucurbitaceae), plante grimpante, s’enroulant autour des
arbustes, grâce à ses vrilles spiralées. Il existe des pieds mâles et d’autres
femelles (plante dite dioïque). Les baies rouges de cette plante sont toxiques.
- Ronce commune (Rubus fruticosus), Rosacée
bien connue pour ses mûres du début de l’automne qui ont, notamment, des
vertus pour reconstituer la flore intestinale. Les feuilles de
Ronce, utilisées au printemps, permettent de fabriquer une tisane efficace
contre la toux.
- Ortie dioïque (Urtica dioica) Urticacée
mal-aimée et pourtant très utile, car elle accueille la ponte de
nombreux Papillons dont le Vulcain, la Belle-Dame, le Robert-le-Diable
et d’autres, dont les chenilles, une fois écloses, dévoreront les feuilles.
Elle a, aussi, de nombreuses utilités : purin, soupe,
tisane (mélangée à la Consoude) pour aider à la consolidation des fractures.
Il faut penser à ne pas la ramasser au bord des routes.
- Géranium herbe-à-Robert (Géranium robertianum)
Géraniacée très répandue dont le nom d’espèce évoque, non pas le prénom, mais
la couleur rouge (du latin « ruber », les anciens appelant cette
plante « ruberta ») que prennent tiges et feuilles en vieillissant,
ainsi que les fleurs rose-rougeâtre.
Les divers Géraniums vrais ne doivent pas être confondus
avec les Pélargoniums, originaires du Cap, cultivés comme plantes d’ornement.
Le terme Géranium vient du grec geranos (grue) évoquant la longueur du bec du
fruit de ce genre _ le Géranium étant aussi appelé « Bec de Grue »_
à comparer avec le bec du fruit du Pélargonium, deux fois plus allongé, ce
qu’évoque son nom provenant du grec pelargos qui signifie
« cigogne ».
L’huile de « Géranium rosat » (Pélargonium
graveolens) est utilisée pour apaiser les voies digestives.
- Benoîte des villes (Geum urbanum), Rosacée à
fleurs jaunes et fruits ronds munis de crochets, qui possède de l’eugénol au
niveau de sa racine, substance active contre les maux dentaires. La
racine mâchée procure un goût de clou de girofle en bouche, caractéristique de
l’eugénol.
- Hellébore fétide (Helleborus foetidus) ,
Renonculacée à fleurs vertes, présylvatique = annonçant l’installation
de la forêt. Elle était, autrefois, utilisée par les bergers pour éviter la
fixation du microbe responsable de la brucellose sur la peau des moutons,
en répandant cette plante dans les bergeries.
- Armoise commune (Artemisia vulgaris),
Astéracée indiquant un milieu nitrophile (proche des habitations). Elle
était utilisée pour les règles douloureuses.
- Plantain lancéolé & Plantain majeur (Plantago
lanceolata & Plantago major), Plantaginacées respectivement à
feuilles lancéolées et arrondies, très utiles puisque leurs feuilles froissées
peuvent être utilisées contre les piqûres d’insectes et d’orties. Tous
les Plantains ont des propriétés cicatrisantes.
- Luzerne cultivée (Medicago sativa), Fabacée
bien connue, à fleurs mauves ou violettes. Les plantes de ce genre se
reconnaissent facilement au mucron (pointe) qui prolonge l’extrémité de
chaque foliole (division de la feuille), ce qui les distingue de celles du
genre Trifolium (Trèfle) dépourvues de mucron.
- Millepertuis perforé (Hypericum perforatum),
Hypéricacée à fleurs jaunes et petites feuilles qui paraissent perforées à
cause de la présence de minuscules glandes (les Hypéricacées étaient
appelées, auparavant, Guttifères…).
Cette plante est utile pour fabriquer une huile apaisante
pour les coups de soleil. Les feuilles et fleurs doivent être ramassées
à la Saint-Jean et au soleil, puis mises à macérer dans de l’huile pendant 2
mois. L’huile prend, alors, une teinte rouge violacé. On rajoute ensuite de l’huile
de lavande. Il ne faut pas s’exposer au soleil après s’être enduit de cette
huile.
- Brachypode penné (Brachypodium pinnatum). La
présence abondante de cette Poacée (= anciennement Graminée) indique que le
lieu a été envahi par les flammes antérieurement. En effet, un gigantesque incendie
a embrasé le Puy de Lavelle durant plusieurs jours, en 1983.
- Réséda jaune (Reseda lutea), plante tinctoriale
à grappe haute et serrée de petites fleurs jaunes de la famille des Resedaceae.
- Panicaut champêtre (Eryngium campestre),
Apiacée (le nom de sa famille était anciennement Ombellifères)
particulière puisqu’elle ressemble à un chardon à cause des épines de
ses feuilles et des involucres situés à la base de ses capitules de fleurs
vertes.
Un champignon bon comestible, la Pleurote du panicaut
(Pleurotus eryngii) lui est associé.
- Orpin réfléchi ou des rochers (Sedum
reflexum ou rupestre), autre Crassulacée (plante grasse) dont les
rameaux de l’inflorescence (cyme corymbiforme) de petites fleurs jaunes s’infléchissent
vers le bas au fur et à mesure de la floraison.
- Thym serpolet (Thymus serpyllum), Lamiacée
bien connue pour ses vertus aromatiques. Elle, aussi, est une plante phytotoxique,
éliminant ses concurrentes alentour.
Ses petites feuilles peuvent être ajoutées dans les salades.
Et les infusions, réalisées avec la plante entière, peuvent débarrasser le
corps des toxines de l’hiver et lutter contre les éruptions cutanées.
- Genêt d’Espagne (Spartium junceum), Fabacée
arbustive, présente dans les haies, reconnaissable à ses belles et grandes
fleurs jaunes puis ses longues gousses noires, montre bien l’impact de l’homme
sur la nature car il s’agit d’une plante cultivée, introduite donc
intentionnellement.
Les Fabacées étaient, auparavant, appelées, plus poétiquement,
les Papillonacées, ce qui avait pour avantage de rendre compte de la
forme de leurs fleurs ressemblant, par la disposition des 2 pétales
latéraux, aux ailes d’un papillon.
- Chèvrefeuille d’Etrurie ou de Toscane (Lonicera
etrusca), arbuste de la famille des Caprifoliaceae, présent dans les haies
et caractéristique du milieu méditerranéen, montrant une des multiples
facettes de la flore exceptionnelle du Puy de Lavelle, en particulier sur ce
versant sud bien exposé à la chaleur des étés.
Il se reconnaît à sa paire de feuilles supérieures
soudées par leur base et largement séparée de l’inflorescence par un
pédoncule. Les fleurs, peu odorantes, sont blanc-crème et rosées à leur base.
Les baies sont rouges et non comestibles.
- Orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis),
superbe Orchidacée à petites fleurs roses autour d’un centre blanc
disposées en épi conique dense, en fin de floraison.
Elle pousse dans les prés sous un climat à influence méditerranéenne.
- Orchis à odeur de bouc (Himantoglossum hircinum)
autre Orchidacée, aussi en fin de floraison, dont les fleurs verdâtres,
veinées de pourpre et disposées en un long épi, ont une forme très
spéciale : les 3 tépales supérieurs resserrés formant un casque et le lobe
central du labelle s’enroulant, étonnamment, en une très longue torsade.
Elle affectionne, elle aussi, les prés exposés à la chaleur.
- Lotier corniculé ou commun (Lotus
corniculatus), petite Fabacée délicate à fleurs jaunes teintées de rouge.
Le Lotier corniculé porte ce nom en raison de son fruit, une gousse cornue.
On peut utiliser la plante entière pour ses propriétés calmantes.
Les Lotiers sont reconnaissables à leurs feuilles divisées
en 3 folioles et munies à leur base de 2 stipules, imitant les folioles.
- Œillet (ou Petrorhagie) prolifère (Petrorhagia
prolifera), associé, peut-être, à d’autres espèces d’Oeillets, est une très
jolie Caryopyllacée, parsemant les prairies de ses fines fleurs roses.
- Gaillet mou (Galium mollugo), Rubiacée
érigée, à inflorescences vaporeuses de fleurs blanches et feuilles
verticillées par 6 à 8.
- Knautie des champs (Knautia arvensis),
Caprifoliacée très appréciée des insectes, à capitule dense de fleurs mauves
composées de 4 pétales soudés, soutenu par 2 rangées de bractées ; genre
que l’on peut ainsi distinguer de la Scabieuse (Scabiosa) où le
capitule n’est porté que par 1 seule rangée de bractées et où les corolles sont
formées de 5 pétales soudés.
- Mélampyre des champs (Melampyrum arvense),
visible de loin à ses épis chatoyants de fleurs pourpres à gorge jaune ,
entourées de bractées pourpres aussi, classée, à présent, dans la famille des
Orobanchaceae car il s’agit d’une plante hemiparasite, prélevant eau et
sels minéraux dans le sol grâce à ses racines, comme toutes les plantes vertes,
mais puisant les substances organiques sur les Poacées (Graminées ou
« herbes ») alentour, par l’intermédiaire également de ses racines
qui se fixent sur celles de son hôte, étant incapable de les fabriquer.
- Epervière piloselle (Hieracium pilosella) de
la famille des Asteraceae, à capitules isolés de fleurs jaunes striées de
pourpre au revers et à feuilles basales poilues disposées en rosette,
produisant, elle aussi, des substances toxiques pour éliminer ses voisines, et
poussant au niveau de la prairie jouxtant les bancs.
Ascencion du Puy par le PR, exposé plein sud
De nombreuses espèces différentes des précédentes jalonnent
la montée comme :
- Amourette commune (Briza media) très fine
Poacée présentant des épillets de 5 à 7 mm, retombants, légèrement
pourprés, en forme de cœur, présente jusqu’à l’étage subalpin.
- Trèfle des montagnes (Trifolium montanum),
jolie Fabacée, visible tout en bas du sentier, à distinguer de du Trèfle
rampant (Trifolium repens), présent plus bas, par ses tiges velues,
ses fleurs blanc-jaunâtre et non blanc-rosé et ses folioles pointues. Il
indique, dès lors, l’influence montagnarde due à l’altitude.
- Hippocrépide à toupet (Hippocrepis comosa)
autre Fabacée, délicate, à glomérule de 5 à 12 fleurs jaunes que l’on peut
distinguer du Lotier corniculé par ses longues feuilles composées de 4 à
8 paires de folioles (contre 3 folioles et 2 stipules pour le Lotier). Elle
apprécie les terrains calcaires et rocailleux, bien exposés à la chaleur.
- Polygala à feuilles de serpolet (Polygala
serpyllifolia), fine Polygalacée des prairies d’élevage, ici à fleurs
blanc-rosé (plus souvent bleues), intéressante pour les éleveurs d’Equidés et
Ruminants, car elle favorise la production de lait, ce qui atteste la
présence d’anciens pâturages sur ces pentes.
- Lin à feuilles menues (Linum tenuifolium),
fine Linacée à fleurs blanc-rosé, plante thermophile, elle aussi,
affectionnant les prés rocailleux.
- Hélianthème des Apennins (Helianthemum apenninum),
autre plante délicate de la famille des Cistaceae, à tiges ligneuses à la base
et fleurs blanches à coeur jaune vif. Elle pousse, également, dans les pelouses
sous climat de type méditerranéen. Les Hélianthèmes sont caractérisés
par leur calice composé de 3 grands sépales et 2 petits.
- Ophrys abeille (Ophrys apifera), Orchidacée
calcicole, typique des prairies maigres, reconnaissable à ses fleurs composées
de 3 tépales roses encadrant un labelle brun velouté dont le dessin imite le
corps d’un hymenoptère. Pourtant, cette plante est autogame :
elle se féconde elle-même, sans l’intervention des insectes, précaution utile
de la nature car elle se trouvait être seule de son espèce à cet endroit
…
On peut remarquer, en effet, que ces pâturages,
autrefois envahis d’Orchidées d’espèces diverses, sont, à présent, abandonnés
et envahis par une végétation arbustive caractérisée par le Genévrier commun
(Juniperus communis) précédant l’arrivée du Pin sylvestre (Pinus
sylvestris) sous l’ombrage duquel se développera le Chêne (Quercus).
- Anthyllide vulnéraire (Anthyllis vulneraria),
Fabacée à glomérules denses de longues fleurs jaunes et cotonneuses à
leur base par les nombreux poils blancs de leur calice. C’est également une
plante plutôt méditerranéenne.
- Trèfle étoilé (Trifolium stellatum), autre
Fabacée défleurie en juin, mais reconnaissable à ses têtes florales rondes où
persistent les calices étoilés et piquants, typique aussi du climat méditerranéen.
- Petite Pimprenelle ( Sanguisorba minor),
Rosacée dont il reste les têtes florales globuleuses, sèches et alvéolées. Elle
pousse dans les prés rocailleux surtout calcaires, jusqu’à
l’étage subalpin.
Au sommet et sur la crête est
Quelques plantes intéressantes ont été nommées :
- Carline commune (Carlina vulgaris),
Astéracée piquante par ses feuilles et les bractées de ses capitules,
dont les pieds de l’an passé subsistent à l’état sec, montrant bien l’influence
montagnarde due à l’altitude plus élevée.
- Germandrée des montagnes (Teucrium montanum),
petite Lamiacée à tiges couchées, feuilles persistantes et très petites fleurs
blanc-jaunâtre dépourvues de lèvre supérieure, à présent fanées. C’est
également une plante des zones rocheuses, calcicoles, exposées à la chaleur
poussant jusqu’à 900 m.
- Genêt ailé ou sagitté (Genista sagittalis),
sous-arbrisseau de la famille des Fabaceae, bien reconnaissable à ses courtes
tiges sans épines bordées de 3 ailes foliacées. Les fleurs, fanées
fin juin, sont jaunes comme celles des autres Genêts. Elle pousse, également,
en zone méridionale, dans les prés maigres, jusqu’à l’étage subalpin.
- Cuscute du thym (Cuscuta epithymum),
curieuse plante parasite de la famille des Convolvulaceae, à très
nombreuses et longues tiges d’une finesse extrême, nappant les autres
plantes (Thym, Fabacées diverses, etc…) d’un réseau rougeâtre d’où
émergent de minuscules glomérules de fleurs roses.
- Dompte-venin officinal (Vincetoxicum
hirundinaria), plante au nom étrange de la famille des Apocynaceae
(autrefois Asclepiadaceae) poussant au pied du cairn sommital, à petites fleurs
blanc-jaunâtre en groupes à l’aisselle des feuilles supérieures et à feuilles
opposées et alternes en forme d’aile d’hirondelle… Elle contient un poison
semblable à celui des Aconits.
C’est une plante
calcicole et plutôt xérophile, poussant dans les zones pierreuses
jusqu’à 800 m
en Auvergne.
- Centaurée tachée (Centaurea maculosa),
Astéracée gris-verdâtre, très ramifiée, à feuilles très fines et
capitules nombreux entourés de bractées brunes terminées par des cils argentés.
Elle fleurit en juillet montrant des capitules rose pâle strié de rose plus
vif.
Elle pousse sur les coteaux pierreux, principalement dans le
Centre et le Midi de la France jusqu’à 900 m. Elle est commune en
Auvergne.
- Laser de France (Laserpitium gallicum)
curieuse Apiacée, à grandes feuilles divisées en nombreux lobes épais. La
floraison n’intervient qu’en juillet. Elle croît en montagne sur les
pentes caillouteuses des coteaux surtout calcaires.
- Caille-lait ( ou Gaillet) jaune (Galium
verum), haute Rubiacée à minuscules fleurs jaune doré parfumées, attirant
de nombreux insectes, disposées en petits panicules serrés, étagés en haut de
la tige.
C’est une plante commune dans les prairies, utilisée par les
éleveurs pour faire cailler le lait, ce qui donne sa couleur jaune
au Saint-Nectaire, en raison des flavonoïdes antioxydants contenus dans
la plante.
En l’incorporant à la crème, on lui donne un goût de caramel.
- Achillée millefeuille (Achillea millefolium),
Astéracée encore appelée Saigne-nez, commune partout, à petits capitules
de fleurs blanches, formant un plateau serré au sommet de la tige. Ses
feuilles, particulièrement divisées en folioles extrêmement fines, ont donné à
la plante son nom d’espèce.
Cette plante médicinale réputée peut également être
utilisée pour parfumer le vin, grâce à ses graines ramassées et mises en
sachets au mois d’août.
Descente côté nord
Un sous-bois fait suite à la prairie, par lequel on accède
au flanc septentrional du Puy de Lavelle.
Quelques plantes intéressantes y ont été distinguées :
- Alisier blanc (Sorbus aria), arbuste de la
famille des Rosaceae, à feuilles ovales, dentées, blanches et veloutées au
revers. Ses baies comestibles rouges peuvent être cuites pour
accompagner un rôti . Elle sont également efficaces comme dépuratif du foie.
- Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea),
autre petit arbuste commun de la famille des Cornaceae, tire son nom d’espèce
de la couleur rouge foncé que prennent les rameaux dès l’automne.
Ses feuilles ovales possèdent des nervures arquées, parallèles, élastiques qui
rompent bien après le limbe quand on sépare une feuille en 2 parties.
- Saule marsault ou Saule des chèvres (Salix
caprea), autre arbuste très courant de la nombreuse famille des Salicaceae,
tire son nom de la prédilection des caprins pour ses feuilles.
Celles-ci possèdent une pointe déjetée sur le côté, caractéristique.
- Aubépine à un style ou Epine blanche (Crataegus monogyna), autre arbuste courant de la famille des Rosaceae, à fleurs
blanches parfumées, à 1 style, apparaissant en même temps que les feuilles et
donnant des fruits rouges à 1 seul noyau. Les feuilles, petites, sont
profondément divisées en 3 à 5 lobes pointus.
Les bourgeons floraux de cet arbuste peuvent être
utilisés, en infusion, pour réduire la tachycardie.
- Astragale à feuilles de réglisse (Astragalus
glycyphyllos), Fabacée à tiges étalées, longues feuilles divisées en 4 à 6
paires de folioles et grappes arrondies de 8 à 30 fleurs jaune-verdâtre. Elle
tire son nom d’espèce du goût de réglisse de sa racine.
- Ail à tête ronde (Allium sphaerocephalon)
Amaryllidacée à inflorescence ronde de fleurs rose pourpre, à odeur forte quand
on l’écrase. Espèce xérothermophile méditerranéenne subsistant jusqu’à
l’étage subalpin.
- Rhinanthe crête de coq ou petit Rhinanthe (Rhinanthus
minor = R. crista-galli), de la famille des Orobanchaceae, plante semi-parasite,
non velue, à corolle allongée jaune à 2 lèvres dont la supérieure est très
courte, contenue dans un calice ventru.
- Gesse des prés (Lathyrus pratensis), Fabacée
à fleurs jaunes, reconnaissable à sa feuille à 2 folioles à nervures
parallèles avec 2 stipules pointues à sa base.
Les Gesses se distinguent des Vesces par le nombre de
folioles inférieur à 4 et des nervures parallèles alors que les Vesces ont plus
de 4 folioles et des nervures en V.
- Cerfeuil doré (Chaerophyllum aureum),
Apiacée répandue, à tiges maculées de pourpre et poilues et à feuilles très
divisées vert-jaunâtre, à odeur aromatique et fruits oblongs sillonnés.
- Gaillet gratteron ( Galium aparine),
Rubiacée très répandue, accrochante, à feuilles verticillées par 6 à 8 munies
de petites dents permettant ainsi à la plante très molle de s’attacher
à ses voisines ou aux vêtements du passant.
Retour par le chemin de l’ouest puis sud
A l’abri de quelques haies et arbustes, quelques autres
espèces ont été nommées :
- Silène enflé (Silene vulgaris)
Caryophyllacée commune, à calice enflé verdâtre à nervures purpurines et
corolle blanche.
Ses feuilles sont comestibles à l’état jeune
et peuvent être rajoutées dans les salades. Elles ont d’abord un goût de
petits pois mêlés d’asperges, puis de petits pois seulement quand
elles sont plus fermes.
- Vesce de Cracovie (Vicia cracca) Fabacée
très commune dans les prairies, reconnaissable à ses longues grappes de fleurs
inclinées roses à violettes (jusqu’à 40 par grappe) et ses feuilles
allongées aussi, divisées et comportant jusqu’à 15 paires de folioles.
- Sainfoin ou Esparcette à feuilles de vesce (Onobrychis
viciifolia) autre Fabacée très commune dans les prairies, aisément
reconnaissable à ses grappes de fleurs roses en forme d’épi pointu.
Les fruits sont des petites gousses arrondies et poilues.
- Coronille bigarrée (Securigera ou Coronilla
varia) Fabacée très courante des prairies sèches, à grappes globuleuses de fleurs
panachées de rose et mauve.
- Centaurée scabieuse (Centaurea scabiosa)
Astéracée à gros capitules de fleurs roses et feuilles très découpées,
poussant dans les prairies maigres.
- Centaurée à tête de moineau (Centaurea jacea),
autre Centaurée à capitules roses plus petits et feuilles allongées non
découpées, affectionnant les prairies sèches.
- Vesce esparcette (Vicia onobrychioides)
autre Fabacée beaucoup moins répandue, à grandes et superbes fleurs
d’un bleu profond (6 à 12 par grappe), de répartition méditerranéenne,
affectionnant les zones exposées à la chaleur.
- Sauge des prés (Salvia pratensis) Lamiacée
très reconnaissable à ses fleurs bleues dont la lèvre supérieure est
recourbée en faucille et ses feuilles épaisses en forme de cœur au pied de la
plante. Elle aime les prairies sèches et elle est d’origine méditerranéenne.
- Trèfle rouge (Trifolium rubens), Fabacée
encore, dressant ses épis pointus de petites fleurs rouge vif au bord du
chemin, est une plante xérothermophile.
- Vipérine commune (Echium vulgare),
Boraginacée commune, à fleurs bleues disposées en petites grappes
infléchies, le long de la tige, piquante par ses soies raides. Cette
plante est également thermophile et méditerranéenne.
Cette randonnée de
quelques heures, très instructive, a permis de montrer l’extrême richesse du
patrimoine floristique du Puy de Lavelle où croissent de très nombreuses
plantes aux vertus culinaires et médicinales ou utilitaires pour la culture
et même l’élevage, ce qui était très important, autrefois, pour la
survie d’un village écarté.
Le caractère à la fois méditerranéen et montagnard
de cette flore est une particularité très spéciale, dans cette zone du
centre de la France, ce qui en fait tout l’intérêt.
MC GAULMIN